Sen24.info – (Dakar) Une bataille de remportée pour le père de la victime : les enquêteurs techniques recommandent un test ADN pour savoir si le nourrisson retrouvé mort dans la machine à laver de la buanderie de l’hôpital Abass Ndao est bel bien sa fille venue au monde deux jours plus tôt, dimanche 23 juillet.
Dans le cadre de l’enquête sur la découverte de restes d’un bébé dans un lave-linge de la buanderie de l’hôpital Abass Ndao, le commissariat de la Médina, chargé de l’affaire, avait requis la division de la police technique et scientifique. Après avoir effectué une représentation générale et fixé les lieux (la buanderie) par des photographies, l’équipe dirigée par l’adjudant Idrissa Navel Diallo les a investis. Il s’agissait de rechercher des traces et indices utiles à l’enquête.
D’après nos informations, cet exercice a permis à la police scientifique et technique de constater que les ossements d’un bébé étaient éparpillés sur le sol et que le buste ainsi que d’autres parties du corps étaient entassés dans une pelle en plastique. Les restes n’étaient pas en état de putréfaction, d’après nos sources. Ce qui certes n’indique pas avec certitude l’heure du décès, mais laisse penser, de l’avis de la police scientifique, que la mort du nouveau-né n’était pas si lointaine.
Entre 7 h et 7 h 30…
Cette déduction corrobore, nous dit-on, les déclarations de l’infirmière N. B. S. Cette dernière a confié aux enquêteurs avoir effectué, vers 7 heures, la toilette des huit bébés du service néonatalogie avant de passer la garde des enfants à sa collègue R. N. Elle reconnait cependant, soufflent nos informateurs, n’avoir pas procédé avec cette dernière au comptage des nourrissons avant le passage de témoin.
Vers 7 heures 30 minutes, A. D, employée à la buanderie, s’empare d’un sachet en plastique contenant d’ordinaire que des draps à laver et jette son contenu dans la machine, selon sa déposition dont Seneweb a pris connaissance. La dame reconnaîtra n’avoir pas pris le soin de trier les draps. Donc, a priori, si l’on se fie à ses déclarations, elle ne savait pas si un bébé y était enveloppé ou pas.
Dans tous les cas, au même moment, la disparition d’un des huit bébés du service de néonatalogie est constatée. Tout porte à croire, de l’avis des techniciens de la police scientifique et technique, qu’il pourrait s’agir du même nouveau-né dont les restes ont été retrouvés dans la machine de la buanderie, de l’enfant de Narro Véronique N’Houmi et Jean-François Kouderin.
Ce couple a donné naissance à une fille dimanche 23 juillet, à la maternité de l’hôpital Abass Ndao. Le bébé pesait 1550 grammes. Né prématurée, l’enfant a été d’abord placé dans une couveuse avant d’être transféré à la salle «Kanguve», d’après le récit du père dans les colonnes de L’Observateur et au micro de Seneweb.
Deux jours plus tard le couple apprend que son nouveau-né est décédé. Et que ses restes ont été retrouvés dans un lave-linge de la buanderie. Sceptique quant aux explications fournies par la direction de l’hôpital, Jean-François Kouderin demande à voir les restes de son enfant ou au moins à pouvoir consulter les photographies. En vain. La police s’y oppose, invoquant les besoins de l’enquête.
Une bataille de gagnée pour les Kouderin
Une chose est sure, d’après la police scientifique : si le bébé des Kouderin est bel et bien celui dont les restes ont été retrouvés dans le lave-linge, il est clair que le nourrisson, mort ou vivant, a été déplacé de la salle de néonatalogie à la buanderie. Ce qui a poussé la police à suggérer dans ses conclusions qu’il y a lieu d’éclairer comment le bébé s’est retrouvé dans la machine à laver alors qu’il était bien portant et installé dans un berceau au service de néonatalogie.
Les techniciens de la police scientifique et technique ont tiré trois autres conclusions. D’abord, ils signalent que l’état des restes présumés du bébé, conjugué aux témoignages du directeur de l’hôpital Abass Ndao, Dr Amadou Ndiaye, permettent d’affirmer que l’abandon de l’enfant à la buanderie remonterait à quelques heures avant la découverte macabre.
Ensuite, ils font remarquer que l’absence de cris pendant qu’il était supposé être à la buanderie pourrait être expliquée par le fait que le bébé était déjà mort dans le sachet en plastique qui contenait les draps à sales avant d’être déposé à la buanderie.
Enfin, les policiers techniques croient savoir que la mort du bébé pourrait être antérieure à son placement dans la machine à laver. Et qu’elle pourrait être le résultat d’un manque d’oxygène puisqu’il était enveloppé dans les draps contenus dans un sachet hermétique, en plastique.
Toutefois, la police scientifique déclare que seul un test ADN permettrait scientifiquement de confirmer avec certitude que le bébé dont les restes ont été retrouvés dans le lave-linge est bien celui de Véronique Narro et Jean-François Kouderin. Et dans cette perspective, elle recommande aux enquêteurs de requérir les services de l’Institut de recherches en santé, de surveillance épidémiologique et de formations (IRESSEF), qui dispose d’un laboratoire ADN.
Une bataille de gagnée pour Jean-François Kouderin, qui réclame un test ADN afin d’être sûr que ce sont bel et bien les restes de son enfant qui ont été retrouvés dans le lave-linge de l’hôpital Abass Ndao.
Le commissariat de la Médina poursuit son enquête.