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Covid-19 au Sénégal : Les restrictions rendent difficile la fête de pâques

Sen24.info – (Dakar) Au Sénégal, comme dans de nombreux autres pays, la célébration de la fête de Pâques, à partir du vendredi 10 avril, se déroulera dans un contexte dominé par la pandémie de coronavirus, avec son lot de restrictions, auxquelles chefs religieux et fidèles tentent de s’adapter.

La fête de Pâques, qui a lieu après quarante jours de carême, célèbre la résurrection de Jésus-Christ après sa mort sur la croix, un moment crucial de la foi chrétienne.

Les rassemblements étant interdits à cause de la pandémie de coronavirus, l’Eglise catholique compte sur internet et les médias pour diffuser la grande messe marquant la fête de Pâques, selon le l’abbé Baye Rémis Diouf, vicaire et responsable de la communication de l’archidiocèse de Dakar.

«Pour ce qui est de l’archidiocèse de Dakar, Monseigneur Benjamin Ndiaye et les autres évêques ont interdit tout rassemblement, mais la célébration de l’eucharistie, qui marque la fête de Pâques, s’effectuera à travers les réseaux sociaux et les médias locaux», a-t-il dit à l’Aps.

Selon M. Diouf, la pandémie de coronavirus étant une épreuve de nature à renforcer la foi, il est important de célébrer avec faste cette fête marquant la mort et la résurrection du Christ.

«Cet événement donne l’occasion de découvrir une autre réalité spirituelle chrétienne appelée l’Eglise domestique, où tout se fait en famille, sous la coupole de Dieu Lui-même», a expliqué M. Diouf.

Avec le concours des médias classiques et de la presse en ligne, a poursuivi le vicaire, les fidèles doivent suivre toute l’eucharistie, de même que les programmes prévus durant cette semaine sainte et l’évènement pascal de dimanche.

Au Sénégal, l’Eglise, dans le sillage des recommandations et mesures des autorités étatiques, a annoncé, depuis le 16 mars, la suspension provisoire des offices religieux à caractère public et d’autres évènements qui rassemblent du monde.

«Nous, évêques du Sénégal, portons à la connaissance de tous les fidèles catholiques et de nos diocèses (…), à compter de ce jour, mardi 17 mars 2020, la suspension provisoire des offices religieux à caractère public comme les messes publiques, les chemins de croix publics durant le carême», avait annoncé Monseigneur Paul Mamba, l’évêque de Ziguinchor (sud).

Il rendait publique une déclaration de la province ecclésiastique de Dakar, lors d’une conférence de presse du Comité interdiocésain national des pèlerinages catholiques (CINPEC). L’évêque de Ziguinchor avait également annoncé la suspension des mouvements d’action catholique, les répétitions de chorale, les catéchèses, les recollections, les assemblées de prière, etc.

Monseigneur Paul Mamba avait invité «tous les fidèles à croire à la communion spirituelle, devant la gravité d’une telle décision».

Il leur avait demandé de «vivre ces moments d’épreuve en intensifiant la prière personnelle et en famille, au moins le dimanche, à l’heure de la messe habituelle, en récitant régulièrement le chapelet, en pratiquant le jeûne pour implorer la miséricorde de Dieu et la grâce de la conversion».

«Un test, un exercice de fidélité à Dieu»

En cas d’obsèques, Monseigneur Paul Mamba avait demandé aux fidèles de «se limiter uniquement à l’absoute, au cimetière, en présence de la famille restreinte». «Des messes pour les défunts peuvent cependant être demandées», a-t-il précisé.

«Les églises demeurent ouvertes, dans la journée, pour les dévotions personnelles des fidèles, avec la possibilité de voir un prêtre pour les confessions», selon l’évêque de Ziguinchor. «Les prêtes, quant à eux, porteront une attention particulière à l’endroit des malades de nos communautés par des visites, la confession et la communion à domicile».

Sont annulées ou reportées également, «jusqu’à une date plus favorable’’, les manifestations de la communauté catholique qui sont ‘’de nature à drainer beaucoup de monde» : les Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) prévues le 29 mars à Diourbel (centre), les kermesses diocésaines et paroissiales, et les pèlerinages catholiques. En prenant ces mesures, l’Eglise entendait «participer à la lutte contre l’expansion de la maladie due au coronavirus».

Selon le responsable de la communication de l’archidiocèse de Dakar, l’archevêque de Dakar développe un concept dénommé «la proximité spirituelle», dans le but d’entrer en relation avec tous les fidèles, via internet.

«L’Office diocésain de l’information et de la communication (OFICOM), à travers ses différents canaux, fait des directs pour diffuser tous les programmes liés à ces festivités», a dit l’abbé Baye Rémis Diouf.

Les fidèles ne pouvant plus prier en communauté, «ils sont touchés dans leur foi», selon M. Diouf. L’eucharistie, qui est le sommet et la source de toute la vie de l’Eglise, permet d’explorer d’autres «trésors», notamment celui de la communion spirituelle, à travers les plateformes de communication, explique Baye Rémis Diouf.

«La Pâques étant la fête la plus importante pour un chrétien, nous avons intérêt à la prendre comme telle et à ne pas se désarmer devant’’ cette situation causée par la pandémie de coronavirus», a-t-il souligné.

Selon le vicaire, les fidèles doivent considérer les difficultés engendrées par la crise sanitaire comme ‘’un test, un exercice de fidélité à Dieu’’.

Le chemin de croix prévu ce 10 vendredi aura lieu, mais les mesures – distanciation sociale et couvre-feu de 20 h à 6 h – prises par le gouvernement doivent être respectées.

Le «Ngalakh», plat partagé à l’occasion de la Pâques, pourrait ne pas être au rendez-vous des célébrations de cette année.

Le partage de ce plat à base de mil, de pâte d’arachide et de ‘’bouye’’ (le fruit du baobab), organisé chaque vendredi saint par la communauté catholique sénégalaise, perdra de son faste habituel, cette année, en raison du couvre-feu, de l’interdiction des rassemblements et d’autres mesures prises pour éviter la propagation du coronavirus.

Au Sénégal, à la veille de chaque week-end pascal, la communauté catholique offre ce repas aux musulmans notamment.

«On aurait aimé le faire, mais comme la situation ne le permet pas, le conseil des laïcs s’est réuni pour décider de différer le ‘Ngalakh’ à une autre période de l’année», a annoncé l’abbé Baye Rémis Diouf.

«S’il n’y a pas de communion, il n’y a pas de Pâques. Et on ne peut encore moins penser au côté festif, cette année», a dit à l’Aps une fidèle catholique, Médang Denise Zarour, qui dit préparer la fête avec «calme» et «sérénité». Elle regrette de ne pouvoir fêter la Pâques cette année, ni d’aller à l’église ou de procéder à la communion.

«Je la fêterai ainsi sans tambour ni trompette, juste avec ma petite famille, en raison de la crise sanitaire que nous vivons à l’échelle mondiale», a-t-elle ajouté. Elle se désole de ne pouvoir prendre part aux offices religieux, malgré la plateforme informatique mise en place pour permettre aux fidèles d’écouter les homélies et de suivre la messe.

«Le seul fait de ne pas prendre part à l’eucharistie me donne un pincement au cœur», regrette Médang Denise Zarour, qui dit tout de même rendre grâce au Seigneur et prier pour que cette pandémie, qui ‘’impose ses règles à tout le monde, soit rapidement maîtrisée».

 

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