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Coup de force militaire au Mali : L’aboutissement d’un enlisement sans précédent

Sen24.info – (Dakar) Dans un entrelacs de combats dont nul ne trouve l’issue, les Forces armées maliennes sont régulièrement frappées par les djihadistes. Et tout aussi régulièrement accusées d’exactions. Depuis un certain moment, alors que le Mali traverse une crise sociopolitique sans précédent, où se joignent la contestation des résultats aux législatives d’avril, la fatigue d’une corruption croissante, l’inertie de l’économie, les victimes toujours plus nombreuses des attaques djihadistes au nord et des violences intercommunautaires au centre, l’imam Dicko devenu figure de proue de la contestation a imposé sa voix au cœur de la contestation. Soutenu par toutes les couches de la société malienne désespérée, il est allé jusqu’à demander la démission du Président IBK. Chose aujourd’hui effective. Sen24.info a regardé dans le rétroviseur d’un vaste pays désertique qui aura du mal à sortir la tête de l’eau.
Un pays au bord du précipice
« La délinquance économique et financière est devenue préoccupante », écrit le Bureau du vérificateur général dans son rapport annuel sur la gestion des finances du pays. Elle touche notamment le commerce de l’or et du pétrole. La force conjointe regroupant Mali, Burkina Faso, Niger, Tchad et Mauritanie sur le terrain des années aprés le déclenchement des opérations Serval, puis Barkhane, par la France, impuissance militaire et inertie politique se conjuguent.

L’armée décimée

Au moins 53 soldats et un civil ont été tués en novembre 2019 dans l’attaque d’un camp militaire dans le nord-est du Mali. L’assaut qualifié de « terroriste » par le gouvernement est l’un des plus meurtriers depuis plusieurs années pour l’armée malienne.
C’est l’une des plus grosses pertes de l’armée malienne depuis plusieurs années. Au moins 53 soldats et un civil sont morts dans ce que le gouvernement a qualifié d’«attaque terroriste» contre un camp militaire à Indelimane, près de la frontière avec le Niger. Le ministre malien de la Communication, Yaya Sangaré, avait fait état de «dix rescapés» et de «dégâts matériels importants.»
A deux reprises, cette automne, l’armée malienne avait déjà été la cible d’attaques meurtrières. Au moins quarante soldats avaient été tués dans des assauts jihadistes le 30 septembre 2019 à Boulkessy et le 1er octobre à Mondoro, localités situés dans le sud du pays, près du Burkina Faso. Plusieurs sources estiment que ce bilan officiel établi par le ministère de la Défense a été sous-évalué.

Le nord sous la coupe de groupes jihadistes

Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda, à la faveur de la déroute de l’armée face à la rébellion à dominante touareg, d’abord alliée à ces groupes, qui l’ont ensuite évincée. Les jihadistes en ont été en grande partie chassés ou dispersés à la suite du lancement en janvier 2013, à l’initiative de la France, d’une intervention militaire, qui se poursuit toujours.
Cependant, les violences jihadistes ont non seulement persisté, mais se sont propagées du nord vers le centre du Mali, puis au Burkina Faso et au Niger voisins, se mêlant souvent à des conflits intercommunautaires ayant fait des centaines de morts.

Imam Dicko figure de proue de la contestation

Le dignitaire religieux, soutien du président Keïta lors de la présidentielle de 2012, est parvenu à rassembler contre ce dernier des partis venus de tout le spectre politique et de la société. .
Devant les foules immenses venues l’écouter, il ne se présente plus que drapé dans un boubou blanc, couleur de la pureté en islam et de la probité en politique. L’imam Mahmoud Dicko aime jouer sur les deux tableaux. Depuis qu’il a pris la tête d’une coalition composite mêlant partis politiques et mouvement religieux début juin, appelée « Mouvement du 5 juin », un vent de panique parcourt l’échine du pouvoir malien. Il faut dire que le prédicateur sait exalter les nombreuses frustrations d’une population rassemblée par dizaines de milliers lors de manifestations qu’il orchestre d’un verbe assuré.
« Le chef de l’Etat n’a plus les aptitudes physiques et mentales pour diriger le pays. Ibrahim Boubacar Keïta doit partir ». Ce 19 juin, pour la deuxième fois du mois, un tonnerre d’applaudissements vient gonfler encore l’influence expansive de celui qui se décrit d’abord comme « un patriote ». En une vingtaine d’années, cet imam rigoriste, tenant d’un salafisme minoritaire, est devenu un personnage central de la scène malienne.
Aujourd’hui, alors que le Mali traverse une crise sociopolitique sans précédent, où se joignent la contestation des résultats aux législatives d’avril, la fatigue d’une corruption croissante, l’inertie de l’économie, les victimes toujours plus nombreuses des attaques djihadistes au nord et des violences intercommunautaires au centre,
l’imam Dicko impose sa voix au cœur de la contestation.
S’il a pu devenir le fer de lance d’un mouvement couvrant tout le spectre politique, y compris des adversaires d’hier, c’est parce que « nous avions besoin d’une autorité morale », confie l’un des leaders de l’opposition. L’imam Dicko est «une voix respectée des Maliens», souligne-t-il, n’appartenant pas à une classe politique discréditée par d’incessantes transhumances.

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