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Ces femmes à la conquête du pouvoir local

Sen24.info – (Dakar) Soham El Wardini à la ville de Dakar, Zahra Iyane Thiam pour la commune de Sicap Liberté, Maïmouna Dièye de Yewwi askan wi (YAW) à la Patte d’Oie, Lala Aïcha Fall aux HLM, sont, entre autres, les figures féminines engagées dans la bataille des municipales prévues dimanche prochain.
Candidate de la coalition citoyenne ’’Bunt bi’’ à la mairie de Dakar, Soham El Wardini, a été déjà la première femme à occuper le poste de maire par intérim en mars 2017. Elle sera élue en 2018, maire de Dakar suite à la révocation de Khalifa Ababacar Sall, condamné pour escroquerie sur deniers publics dans l’affaire de la Caisse d’avance de la Ville.
SOHAM EL WARDINI (Bunt bi)
Parlant de sa candidature, Soham El Wardini déclare : ’’Je n’ai pas été choisie par la coalition à laquelle j’appartenais, même si le principe avait été retenu de consolider les maires sortants à leur poste. Cela a été appliqué à tous les maires, membres de la coalition, à l’exception du maire de la ville’’.
’’Seulement, je suis une femme politique, j’ai été investie d’un mandat par les Dakaroises et les Dakarois, il est donc de mon devoir de rendre compte à la fin de ma gestion. J’estime qu’après avoir travaillé toutes ces années pour ma ville, dépensé tant d’énergie pour Dakar, il est normal que je me présente devant mes concitoyens, pour leur faire part de mes réalisations. Et cela, je ne pouvais le faire que par le biais d’une candidature’’, a-t-elle confié dans un entretien avec l’APS.
Soham El Wardini affirme que ’’rien que pour les femmes’’, elle se devait de se représenter pour ‘’porter’’ leur ‘’combat’’. ’’Rien que pour elles, je me devais de me représenter pour porter le combat des femmes qui malgré la loi sur la parité, sont sous-représentées dans les instances de décision. Et c’est là que l’Union citoyenne Bunt-bi m’a ouvert la porte et je suis entrée’’, a indiqué Mme Wardini.
Elle assure que ‘’les femmes occupent une part importante’’ dans son programme. ’’J’ai l’ambition de renforcer le budget du Fonds de Développement Municipal (FODEM) et de mettre en place des agences ou bureaux au niveau des communes de Dakar, afin de permettre à un plus grand nombre de femmes, de bénéficier de financements’’, a-t-elle assuré.

« FINANCEMENTS INNOVANTS »

Il s’agit aussi, selon elle, de ’’faire la promotion des secteurs de la transformation et de la production locale, en adéquation avec le projet de micro-jardinage que la ville développe depuis plusieurs années’’.

’’Nous prévoyons également de développer des mécanismes et autres formes de financement innovants pour les femmes’’, a-t-elle dit.
Elle a rappelé que le Fonds de développement municipal (FODEM) ’’a lancé dans les 19 communes de Dakar, un cycle de renforcement de capacités des femmes à l’éducation financière, s’appuyant sur l’approche triptyque Formation, Financement et Encadrement’’.
’’Nous avons soutenu les femmes travaillant dans l’économie sociale et solidaire, en formant les actrices, en formalisant les bénéficiaires, en accompagnant les structures jusqu’à l’autonomie totale et en assurant un bon suivi’’, a-t-elle dit.
’’De 2017 à 2021, plus de 700 millions ont été dégagés pour le financement des femmes. Au total, plus de 2 500 femmes ont été financées et 63 groupements touchés’’, a fait part la maire sortante de Dakar.
Elle a insisté sur le fait que la future ‘’Maison de la femme’’ sera ‘’un espace de vie, où les femmes vulnérables pourront recevoir un paquet de services nécessaires pour les aider à surmonter leur peur’’.
’’La construction de la Maison de la femme participe à lutter contre l’insécurité que certaines d’entre elles vivent souvent dans le silence’’, a soutenu Soham El Wardini.
PARITE
Sur le plan de la représentativité, Mme Wardini a noté qu’au moins, 10% de femmes sont investies têtes de liste durant ces élections du 23 janvier 2022.
’’Au niveau des conseils municipaux et départementaux, les femmes sont bien représentées car les coalitions et partis politiques sont contraints de respecter la parité, au risque d’être exclus du jeu électoral’’, a expliqué la candidate de la coalition Bunt Bi.

Pour elle, ’’c’est l’occasion de remercier le président Abdoulaye Wade (2000-2012) qui est l’artisan de la parité au Sénégal. Cependant, il y a un bémol. Les femmes sont très peu représentées dans les bureaux municipaux’’, a-t-elle ajouté.
Au Sénégal, a-t-elle déploré, ’’sur plus de 500 collectivités territoriales, vous n’avez même pas 5% de maires femmes. Or ce sont les femmes qui votent en majorité. Ce sont elles qui élisent les hommes. Je considère que c’est une inégalité, une iniquité qu’il faut corriger’’.
Pour les élections de dimanche, a-t-elle dit, ‘’il est heureux de voir que le Caucus des femmes leaders s’est battu pour avoir, au moins, 10% de femmes investies têtes de liste’’. ’’Mais, il nous faut poursuivre le combat pour en arriver à 30% voire 40%. Car c’est connu de tous, les femmes gèrent mieux que les hommes’’, a affirmé Mme Wardini.
MAÏMOUNA DIEYE (Yewwi askan wi)
La candidate de la coalition Yewwi askan wi à la commune de Patte d’Oie, Maïmouna Dièye, abonde dans le même sens, soulignant que ’’les femmes ont un véritable rôle dans la société’’.
’’Ce que je pense et ce que j’espère, c’est que ces locales seront un déclic pour l’engagement des femmes dans la scène politique’’, a-t-elle dit. ’’Cela me ragaillardit de savoir qu’il y a d’autres femmes qui se sont battues pour être investies durant ces élections’’, a ajouté Mme Dièye, responsable des femmes de PASTEF (opposition).
Elle a expliqué que le choix porté sur sa personne, ‘’a été un choix général’’ des leaders de Yewwi askan wi et au niveau local, après des auditions de plusieurs candidats. ’’Cela m’a permis d’avoir le courage de me lancer et de travailler en synergie’’, a-t-elle soutenu.
’’Avec ma position dans mon parti, il était normal que j’occupe une place dans ma commune. Je suis résidente de la commune et où je vis depuis 1973. Je trouve normal de m’impliquer dans la gestion communale. Mon engagement politique est surtout justifié par le désir de vouloir développer ma commune et de participer plus généralement à l’essor de mon pays’’, a expliqué Mme Dièye.
Elle a souligné que dans leur programme intitulé : ‘’Patte d’Oie smart city’’, la femme occupe ‘’une position de taille’,’ pour ‘’leur autonomisation, l’entreprenariat, la couverture sociale et leur implication dans la gestion de la cité sur tous les plans, notamment l’environnement, la culture, l’éducation…’’.
ENCADREMENT DES FEMMES
’’Nous avons également un projet d’alphabétiser celles qui ne le sont pas et un autre projet d’autonomiser les femmes avec un fonds crédit revolving, d’encadrement, pour l’essor économique des femmes. Nous avons entrepris la création de projets d’unités sur le plan de la santé, de chimiothérapie avec les femmes qui souffrent des cancers’’, a encore indiqué Mme Dièye, chef d’entreprise dans l’industrie pharmaceutique.
Dans le programme de YAW, il est envisagé, ‘’d’avoir des espaces pour les femmes, notamment la Maison de la Femme’’, a-t-elle fait savoir. Cette infrastructure ‘’sera construite dans un quartier de la commune avec comme objectif, d’être un centre polyvalent de formation et de constituer un cadre réel de traitement des réels sujets de la commune’’, a-t-elle expliqué.
Maïmouna Dièye a rappelé qu’elle n’avait jamais eu un engagement politique, même si elle entreprenait des actions de développement dans sa collectivité. ’’Cela n’a jamais été mon projet de rentrer dans la politique. Je me suis toujours battue pour ma commune et mon département de Dakar, en menant des actions de développement’’, a-t-elle dit.
Mais en 2014, ‘’le hasard’’ a fait qu’elle soit tombée ‘’sur une personne de valeur’’, qui lui a donné ‘’des raisons d’entrer dans la politique’’. Cette personne s’appelle ‘’le président Ousmane Sonko’’, leader de Pastef.

ZAHRA IYANE THIAM (Benno Bokk Yaakaar)
Dans cette bataille des municipales, Zahra Iyane Thiam est le porte-étendard de Benno Bokk Yakaar (BBY, majorité présidentielle), à Sicap Liberté. La ministre de la Microfinance compte défendre un programme bâti sur cinq axes.

Il s’agit, selon elle, de ‘’favoriser l’éclosion des talents et de l’excellence, à travers des espaces dédiés aux jeunes et de faciliter l’accès à l’encadrement et aux financements des femmes pour créer une économie dynamique’’.
’’Nous allons aussi prôner des services de santé de proximité et des services inclusifs d’une part et d’autre part, recréer des espaces de vie sains au service de la communauté’’, a-t-elle promis.
LALA AÏCHA FALL & FATOUMATA MATAR DIOP (Indépendantes)

Lala Aïcha Fall est candidate indépendante à la mairie des HLM, sous la bannière de la coalition ‘’Sunu gox, Sunu yitté’’, qui compte s’appuyer sur l’expertise locale pour ‘’impulser des projets de développement de la commune’’. ’’La mairie des HLM ne doit plus fonctionner comme une maison de retraite. Nous croyons à la victoire et voter pour notre liste est un vote utile’’, a-t-elle soutenu.
Parmi les candidates indépendantes figure également Fatoumata Matar Diop, tête de liste de la coalition Alliance pour des valeurs éthiques et citoyennes (Avec liguey kat yi) à la mairie de Sicap.
Fatoumata Matar Diop a déclaré être ‘’là pour faire la politique autrement, une alternative’’, même si ‘’ce n’est pas facile au Sénégal d’apporter une nouvelle vision‘’. ’’Je ne donne pas d’argent, je sens l’engagement des ‘’Sicapois’’ autour de notre projet. J’ai le meilleur profil parce que nous avons un programme inclusif, qui a pour seul objectif d’œuvrer pour le développement de notre commune’’, a-t-elle affirmé.
’’Il y a beaucoup de candidatures indépendantes pour ces élections. A mon humble avis, il y aura des surprises et ce sont les indépendants qui vont les créer, il y a ras-le-bol des politiciens, soit-disant grandes coalitions’’, a-t-elle souligné.

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