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AUJOURD’HUI : 7 mars 1820, «Talaatay Nder» ou la mort plutôt que la honte

Sen24.info – (Dakar) La mort plutôt que la honte ! Tel fut le cri de guerre des femmes de Nder dont l’histoire continue de se raconter de façon instructive. Alors que la tension est à son comble entre le Walo et les maures du Trarza qui veulent l’occuper pour sa prospérité, en ce début du 19ème siècle, la gent féminine du Walo va jouer un rôle privilégié aux côtés des hommes. A l’absence de ces derniers, partis aux champs, les maures attaquent le village de Nder mais seront repoussés par la Linguère et ses amies. Surprises et sans possibilité de sortir du piège, devant la volonté des Maures d’en faire des esclaves, les femmes décident de se suicider collectivement, ce mardi-là 7 mars 1820.

Au début du 19ème siècle, les rapports entre le Walo et le Trarza seront marqués par des raids incessants de la part des maures. Cette situation va surtout provoquer la délocalisation de la capitale, de Jurbel à Nder. Pour autant, cette décision stratégique ne parviendra pas à préserver la population du Walo de l’assaut des maures parfois appuyés par leurs alliés toucouleurs. Pour refuser l’occupation de leur Etat par les maures, les dignitaires du Walo vont signer un traité avec les Français après avoir farouchement combattu les occupants.

Connu sous le nom de « Traité de Ndiaw », ce pacte signé entre le colonel Schmaltz et le Brack Amar Fatim Barsa Mbodj le 8 mai 1819 va permettre aux gens du Walo de vivre dans une plus grande sécurité. Comme le stipule l’article 3 dudit document : « la tranquillité du pays du Waalo et la sureté des établissements de culture qui y seront entrepris nécessitant des mesures de protection suffisantes pour mettre les personnes et les propriétés à l’abri de toute incursion de la part des peuples voisins, le Roi Amar Fatim Borso, les chefs ci-dessous dénommés et tous autres demandent qu’ ils soit construit, par le gouvernement français un fort au village de Dagana situé sur les frontières avec le pays de Toro et des postes moins considérables dans les autres parties du royaume, partout où ils seront jugés nécessaires par le Commandant pour le Roi et qu’il y soit placé les garnisons qu’exigera leur défense ».

Les Maures du Trarza, qui voyaient dans ce Traité une menace pour leurs affaires, vont tenter de punir les Chefs du Walo. Ce mardi 20 mars 1820, ils vont donc prendre d’assaut la capitale Nder alors que le Brack était parti à Saint Louis avec plusieurs dignitaires, pour se soigner d’une blessure contractée le 21 septembre 1819. La majorité des hommes étant aux champs, activités principales des populations du Walo, il ne restera que les femmes et les enfants pour accueillir la lâche attaque des Maures.

En l’absence des hommes donc, les Maures conduits par leur Chef Amar Ould Mokhtar décident de faire des captives ; mais ce ne sera pas une chose facile pour eux. Les femmes, sous la conduite de la Linguère Fatim Yamar Khouryaye Mbodj, réussissent à repousser l’attaque mais enregistrent de lourdes pertes. Tenus en échec, les Maures se replient et programment une deuxième attaque pour capturer les femmes et les vendre, comme ce fut le cas très souvent. Conscientes qu’elles ne pourront pas résister à cette violence inouïe, la Linguère et ses braves sœurs s’immolent par le feu, préférant ainsi la mort à la captivité : « on nous tue mais on ne nous déshonore pas ».

Le sacrifice collectif des femmes de Nder prouve, au besoin, que la Femme a toujours fait un don de soi pour la patrie.En effet, elles ont joué un rôle de sentinelle pour l’avènement d’une société juste et équilibrée. C’est d’ailleurs sous ce rapport que s’inscrira le règne de la Linguère Ndatté Yalla à partir d’octobre 1846.

Parmi ces rescapées, il y a les deux filles de la Linguère Fatim Yamar en l’occurrence la Linguère Ndatté Yalla qui n’avait que 10 ans et sa sœur Ndjeumbeut Mbodj. En ce jour du 7 mars 1820, leur mère a préféré les expédier, en même temps que les autres enfants du village, dans les champs alentour. Déguisées en hommes pour tenir en respect les assaillants, armées de coupe-coupe, gourdins, lances et fusils, elles tueront plus d’une centaine de Maures mais le combat était à tous égards inégal. On assistera à un véritable carnage dans lequel les Ceddos du Walo seront exterminés.

SeneNews

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