vendredi , septembre 20 2024
Home / Actualite / «AU TÉMOIN, ON N’EST NI DES DON QUICHOTTE NI DES TARTARIN DE TARASCON »

«AU TÉMOIN, ON N’EST NI DES DON QUICHOTTE NI DES TARTARIN DE TARASCON »

Sen24.info – (Dakar) A travers un communiqué assez largement diffusé lundi soir, afin que nul n’en ignore, nous avons tenu à informer nos lecteurs et annonceurs que notre journal ne serait pas dans les kiosques hier mardi. En même temps, nous précisions que nous nous démarquions totalement de la « Journée sans presse » à laquelle avait appelé une partie de la corporation. Les raisons de ce refus méritent d’être exposées. Il y a d’abord le fait que nous n’avons pas été associés au processus de prise de cette décision. Pour ce qui me concerne, c’est dans la nuit de dimanche à lundi, vers 1h du matin, qu’un des journalistes du « Témoin » m’a envoyé par texto un éditorial commun censé être diffusé par tous les journaux pour le lendemain et un autre message pour m’informer de l’initiative consistant à observer une « journée sans presse pour le mardi ».

 

Sans doute dira-t-on que les absents ont toujours tort et que je n’avais qu’à assister à la réunion à laquelle tous les patrons de presse étaient invités vendredi dernier. Certes, mais cela n’empêchait pas de faire amender le texte de l’éditorial par tous les concernés et aussi de les consulter ne serait-ce que par téléphone sur le déclenchement d’un mouvement de grève, car il s’agissait bien de cela. Il s’y ajoute que, dans notre compréhension, la grève doit constituer une arme ultime à n’utiliser que lorsque toutes les autres voies de recours auront été épuisées. Encore faudrait-il que l’on se donne la peine d’explorer lesdites voies. Or, à notre connaissance, à part quelques demandes d’audience — sans réponses de la part de l’intéressé — adressées au président de la République, rien n’a été fait pour nouer le fil du dialogue avec les autorités. De pauvres autorités auxquelles on n’a même pas laissé le temps de s’installer que, déjà, un feu nourri était ouvert sur elles en même temps qu’on procès en incompétence et reniement leur était intenté ! Alors qu’elles n’avaient même pas encore fait 100 jours et cherchaient encore leurs marques…

 

En fait, dès l’accession au pouvoir du président Bassirou Diomaye Faye, suivie de la nomination d’Ousmane Sonko au poste de Premier ministre, une partie de la presse leur avait déclaré la guerre. On remarquera qu’alors même que des corporations aussi grévistes en diable que les personnels de la santé avec « And Gueusseum », les enseignants tous ordres confondus et même les étudiants, observent un cessez-le-feu depuis le 24 mars pour souhaiter la bienvenue au nouveau pouvoir, ce sont les hardis patrons de presse qui choisissent de déclencher la première grève contre lui.

C’est assez louche tellement les motifs avancés pour justifier ce mouvement d’humeur sont sujets à caution. On voit soudain sortir des ténèbres et apparaître au grand jour, sabre au clair, des chevaliers Bayard sans peur et sans reproche qui se ruent à l’assaut du nouveau régime pour, prétendent-ils, défendre une profession menacée. Fort bien et à la bonne heure ! Il est seulement permis de se demander où étaient ces nouveaux défenseurs de la presse lorsque l’ancien pouvoir arrêtait notre confrère Pape Alé Niang à de nombreuses reprises et le jetait en prison après avoir attenté à son intégrité physique ? Où étaient-ils lorsque, par un vendredi après-midi caniculaire nous marchions en scandant des slogans et en chantant du rond-point de l’Ecole normale supérieure à celui du Rond-Point Jet d’eau où nous avions tenu un meeting pour exiger la libération du propriétaire de « Dakar Matin » ? Où étaient-ils lorsque des journalistes de Wal Fadjri étaient emprisonnés, les locaux de ce groupe attaqués à coups de grenades lacrymogènes par les policiers et sa fréquence télé retirée ? Notre excellent confrère Moustapha Diop peut-il nous dire si tous ces gens se sont alors portés à leur secours ? Où étaient-ils lorsque notre ancien collaborateur (pendant une quinzaine d’années) Serigne Saliou Guèye était embastillé ?

A l’époque, pour l’enfoncer davantage, certains confrères avaient même fait des sorties pour dire qu’il n’avait pas la carte nationale de presse ! « Maintenez-le en prison ce salaud», avaient l’air de dire aux flics et aux juges ces braves confrères qui s’érigent aujourd’hui en croisés de la liberté de la presse et en intrépides défenseurs de la profession. Où étaient-ils lorsque de jeunes confrères étaient violentés par les forces de l’ordre lors des manifestations ?

 

Plus généralement, où étaient-ils donc, ces braves qui défendent l’honneur du journalisme et les grands principes de la démocratie lorsque plus de 60 jeunes gens à la fleur de l’âge tombaient sous les balles des policiers et des gendarmes du président Macky Sall ? Que faisaient-ils lorsque plus de 2000 jeunes gens étaient jetés au gnouf souvent pour avoir fait un post pour saluer Ousmane Sonko ou pour avoir porté les bracelets de Pastef ? Les a-t-on jamais vus ou entendus condamner les graves dérives liberticides et la folie répressive du défunt régime ?

Les a-t-on vus dénoncer le gigantesque et scandaleux complot fomenté contre Ousmane Sonko et son parti Pastef ? Au contraire, bien souvent, ce sont des organes de presse qui ont constitué le bras armé médiatique de Macky Sall pour calomnier, insulter, traîner dans la boue les opposants qui, grâce au peuple souverain, président depuis le 24 mars dernier aux destinées de notre pays. Qui donc a relayé et donné l’ampleur que l’on sait à l’ignoble affaire Adji Sarr ? Lorsqu’on a joué un rôle aussi peu glorieux depuis mars 2021 et que l’on constate que, malgré ses tirs de barrage, les Sénégalais ont élu dès le premier tour Bassirou Diomaye Faye, le candidat choisi par Ousmane Sonko, on devrait se regarder dans un miroir et avoir le courage de se remettre en question. Faire son examen de conscience. Et, à défaut de battre sa coulpe et de présenter des excuses au peuple sénégalais pour ce rôle dégoutant que l’on a joué, la moindre des choses c’est de faire profil bas pour se faire oublier, et le dos rond pour laisser passer la bourrasque, plutôt que de déclarer la guerre à un pouvoir auréolé de la légitimité populaire ! Savons-nous donc que les journalistes ont aujourd’hui…très mauvaise presse dans ce pays à cause justement du comportement de ces gens qui veulent aujourd’hui pousser la presse à la confrontation avec le nouveau pouvoir ?

Partager:

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *