Sen24.info – (Dakar) La présidente du Conseil économique, social et environnemental (CESE) s’invite au débat sur le déboulonnement des monuments érigés à la mémoire de la France coloniale. Selon L’AS, Aminata Touré prend une position radicale et milite pour le déboulonnement de la statue de Faidherbe.
« Personnellement, je suis tout à fait d’accord avec le mouvement en cours dans le monde entier de défoulement des signes visibles de l’oppression des Peuples noirs. Notre histoire a commencé bien avant la colonisation et bien avant la traite des noirs, et nous avons de quoi être fier de notre histoire », a-t-elle déclaré. L’ex-Premier ministre d’ajouter : « Dans ce contexte, je suis d’avis que la statue de Faidherbe à Saint-Louis soit déboulonnée et remplacée par celle de la dernière Reine du Walo, Ndaté Yalla Mbodji, héroïne de la résistance à la colonisation. Elle a affronté Faidherbe en 1855 à la bataille de Diouloulou. Même si elle fut défaite, elle s’est battue jusqu’au bout avant de s’exiler, et son fils Sidiya Ndaté Yalla Diop continua la lutte ».
D’après l’ancienne Garde des Sceaux, il est important d’enseigner à notre jeunesse qu’elle a des origines dont elle peut se glorifier. « Nos ancêtres et nos aînées n’ont jamais cessé de se battre pour leur dignité et quand ils ont été vaincus, ils sont tombés armes à la main. Ils ont aussi remporté de nombreuses victoires contre les oppresseurs. Je suis pour qu’on célèbre les combattants et les héros africains, pas les oppresseurs. C’est pourquoi je suis en phase avec le mouvement panafricain qui veut qu’on enlève des espaces publics les statues et symbole de la colonisation et de l’esclavage. Pas pour laisser les espaces vides mais pour y célébrer nos dignes héros que les jeunes d’aujourd’hui connaissent peu », a-t-elle martelé.
Aminata Touré de rappeler que dans les années 80, la plupart des rues de nos villes baptisées par les colons ont changé de nom. « Ce mouvement doit être revitalisé. Nos morts ne sont pas morts, comme disait l’autre, nos héros ne doivent pas mourir, ils doivent continuer à vivre dans nos cœurs, dans nos cultures, dans nos valeurs, dans nos comportements de tous les jours », conclut-elle.