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Reportage/Covid-19 : le virus qui a davantage appauvri les femmes commerçantes de Ziguinchor

Sen24.info – (Dakar) Depuis l’avènement de la pandémie de la covid-19 au Sénégal, le 2 mars 2020 et l’entrée en vigueur des mesures barrières édictées par les autorités étatiques et sanitaires, les femmes commerçantes de la capitale méridionale du Sénégal, Ziguinchor, contrée en proie à un conflit armé qui a déstructuré le tissu économique de cette partie, jadis grenier du Sénégal, disent être beaucoup plus appauvries. Leurs chiffres d’affaires ont connu une baisse vertigineuse. Le site d’informations générales, sen24.info basé à Dakar, est allé à la rencontre de ces braves femmes qui ont refusé de tendre la main pour survivre. La plupart des veuves qui ont vu leurs maris périr dans le douloureux conflit armé entre le Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (Mfdc) et l’armée nationale, s’activent dans le secteur d’activité économique informelle.

Reportage : Au marché Saint Maure, le plus grand marché de la commune, voire de la région de Ziguinchor, grouille de monde ce jeudi 11 juin 2020. Ce, avec les ouvertures des marchés après des mois de fermeture partielle pour éviter la propagation du virus de la covid-19, quand on sait qu’à la date de ce 9 juin 2020, la région compte une cinquantaine de personnes testées positives avec deux décès.
Léonie Niouky, notre premier interlocuteur, habitant le populeux quartier de Tilène, s’active dans la commercialisation de légumes. «Je suis une commerçante, je partais prendre mes marchandises dans les départements d’Oussouye et de Bignona. Mais depuis l’arrêt du transport interdépartemental et interurbain, je n’arrivais plus à sortir de Ziguinchor. Une situation qui m’a conduit actuellement à la pauvreté. J’ai perdu mes chiffres d’affaires et je ne sais plus quoi faire. Les autorités étatiques ont maintenant libéré le transport, mais j’ai perdu mes fonds de roulement pendant cette crise qui a plombé nos activités. Nous étions obligées de dépenser toutes nos réserves pour nourrir nos familles. C’est pourquoi, l’Etat doit nous accompagner, parce que nous sommes un groupe de veuves sans soutien», a-t-elle informé.
Mariama Ba, assise à côté d’elle, fait partie du groupe de veuves. Elle aussi parvient à survivre grâce au commerce de fruits. «Nous sommes complètement appauvries par les mesures de la lutte contre le nouveau Coronavirus. Je vends des mangues et bananes, entre autres produits sauvages venant de la sous région et des villages de la Casamance. Avec la covid-19 au Sénégal, les premières mesures prises par les autorités sont certes salutaires, mais elles nous ont obligées à rester chez nous. Un véritable manque à gagner, alors que nous sommes des responsables de famille. Mon mari est décédé et c’est moi qui ai la charge de mes enfants.
L’Etat est venu en aide à presque tous les secteurs de l’économie du pays sans penser à nous, femmes, qui ne vivons que du commerce. Aujourd’hui, nous avons repris notre activité, mais avec beaucoup de difficultés. Car pendant tout le temps que nous sommes restées chez-nous, nous avons épuisé toutes nos économies. Je ne peux plus aller chercher des produits dans les villages», a confié Mariama Diallo.
A un autre lieu, le quartier des Hlm Nèma, toujours dans la commune de Ziguinchor, à l’Ouest du centre-ville. Ici, se trouve le marché «Nguélew», hautement fréquenté.
Un tour dans les étals de poissons donne une idée sur la situation engendrée par le semi confinement imposé par la pandémie de la covid-19.
Les rares vendeuses de poissons, trouvées sur les lieux, montrent à suffisance les répercussions du coronavirus sur l’économie locale.
«Il ne reste que sept femmes sur la dizaine à vendre quotidiennement du poisson ici, avec la réouverture des marchés. Depuis jours je vends à perte. Car, des clientes à moi ne cessent de me demander des faveurs. Je suis obligée de leur vendre le poisson à un prix dérisoire. Avant la convid-19, les poissons que nous vendions, nous venaient, en grade partie, des îles. Ce qui nous permettait de faire beaucoup de bénéfices. Aujourd’hui, nous sommes obligées de nous contenter des poissons de nos pêcheurs locaux qui nous reviennent très chers. C’est pourquoi nos chiffres d’affaire sont complètement revus à la baisse. Nous sommes impactées par le coronavirus. Nous vivons une période très dure. Le commerce de poissons n’est plus florissant. Mais avec la réouverture des marchés, nous ne pouvons pas rester à la maison à ne rien faire», a laissé entendre Anta Coulibaly.
A la sortie de ce marché, se dresse une cantine de produits cosmétiques. Une jeune dame de teint noir en est la gérante. «J’ai beaucoup souffert des mesures prises pour lutter contre la covid-19. Je ne pouvais plus passer une commande en provenance de Dakar et de la Gambie voisine. Toutes les routes étaient fermées. Mes clients de Bignona, d’Oussouye et de Goudomp ne pouvaient plus venir s’approvisionner. Mêmes ceux en provenance de la Guinée Bissau n’arrivaient plus à traverser. Une situation très difficile qui nous a financièrement ruinées. J’ai jeté une partie de mon stock estimé à plus de 150.000 F Cfa parce qu’il y a certains de mes produits cosmétiques qui sont incompatibles avec la chaleur», a soutenu Fatou Sané, habitant le quartier périphérique de Lydiane.
Elle ajoute : «la maladie de la covid-19 a augmenté la précarité dans cette région. Les femmes n’ont que le commerce pour survivre. Aujourd’hui, avec le conflit armé qui sévit dans cette partie sud du Sénégal, le chômage est devenu endémique. Il y avait dans le passé des usines de crevettes qui employaient les femmes. Mais, aujourd’hui, toutes ces entreprises ne sont plus fonctionnelles au grand dam des populations. Le chef de l’État, Macky Sall, doit nous aider. Dans cette partie du Sénégal, le commerce est devenu le seul revenu des femmes pour subvenir aux besoins de leurs familles. Car la plupart est restée sans maris».

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