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3e mandat : «Comparaison n’est pas raison»; Macky n’est pas Ouattara, ni Condé

Sen24.info – (Dakar) Alors que tous les regards sont tournés vers la Côté d’Ivoire et la Guinée Conakry, deux pays de l’Afrique de l’Ouest qui risquent de tomber dans le chaos suite aux volontés d’Alassane Ouattara et d’Alpha Condé de briguer un 3e mandat, le Sénégal est également surveillé de très près. Cependant, force est de constater que Macky Sall qui maintient toujours le flou, n’est pas Ouattara, ni Condé. Un des acteurs clés du Mouvement du 23 juin, et eût égard à la volonté du peuple de bannir à jamais un 3e mandat, il ne va pas s’aventurer à faire le forcing aux conséquences incommensurables.

Le coup de Ouattara à son peule

Alors qu’il avait publiquement passé la main à son premier ministre Amadou Gon Coulibaly, le président sortant a reconsidéré sa position après le décès subit de ce dernier
Alassane Ouattara avait livré un discours de près de 25 minutes à la télévision publique début août à la veille du 60e anniversaire de l’indépendance de la Côte d’Ivoire,
Le chef de l’Etat ivoirien a mis fin au suspense qui prévalait en Côte d’Ivoire depuis quelques semaines. Invoquant un «cas de force majeure», le président ivoirien Alassane Ouattara a annoncé jeudi qu’il allait briguer un troisième mandat à l’élection présidentielle du 31 octobre, ce dont l’opposition lui conteste le droit en vertu de la Constitution.

Une décision dictée par la mort d’Amadou Gon Coulibaly

Alassane Ouattara, 78 ans, a pris soin d’expliquer sa décision, un revirement puisqu’il avait annoncé solennellement en mars qu’il allait «laisser la place aux jeunes générations», avant d’adouber le premier ministre Amadou Gon Coulibaly, lequel a succombé à un infarctus le 8 juillet à l’âge de 61 ans.
«J’ai fait part le 5 mars dernier à toute la Nation de ma volonté, bien que la nouvelle constitution m’y autorise, de ne pas faire acte de candidature et de passer la main à une nouvelle génération.» «Depuis cette décision, j’avais commencé à organiser mon départ (…) et planifier ma vie après la présidence», a raconté Alassane Ouattara, qui s’exprimait debout derrière un pupitre, à côté d’un drapeau ivoirien.
Mais «le décès du premier ministre Amadou Gon Coulibaly laisse un vide». «Le calendrier très serré, à peine à trois mois de la présidentielle», «les défis auxquels nous sommes confrontés, le maintien de la paix et la sécurité», la «crise sanitaire» (du coronavirus), «le risque que tous nos acquis (depuis 2011) soient compromis», «tout cela m’amène à reconsidérer ma position», a justifié Alassane Ouattara, avant d’annoncer sa candidature.
«Cette décision mûrement réfléchie est un devoir que j’accepte dans l’intérêt supérieur de la nation. Compte tenu de l’importance que j’accorde à mes engagements et à la parole donnée, cette décision représente un vrai sacrifice pour moi, que j’assume pleinement par amour pour mon pays.»

Une candidature contestée par ses opposants

Le 29 juillet, devant le conseil politique de son parti, le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) qui le pressait de se présenter, le président Ouattara avait demandé qu’on lui laisse «le temps du recueillement et de la récupération» pour faire le deuil d’Amadou Gon Coulibaly, son plus proche collaborateur depuis 30 ans, qu’il appelait «son fils». Il avait ajouté qu’il s’adresserait à la Nation pour faire part de sa décision.
Avant même son annonce, la candidature à un troisième mandat d’Alassane Ouattara, élu en 2010 puis réélu en 2015, était contestée par l’opposition. L’ex-président Henri Konan Bédié a ainsi déclaré récemment que cette candidature «serait illégale». Agé de 86 ans, il est lui-même le candidat désigné du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), principale formation d’opposition.
La Constitution limite à deux le nombre de mandats présidentiels. Mais selon l’interprétation du pouvoir, l’adoption de cette nouvelle loi fondamentale en 2016 a remis les compteurs à zéro.

Condé sur les traces d’Alassane Ouattara

Présidentielle en Guinée : Alpha Condé « prend acte » de l’appel de son parti à briguer un troisième mandat. Selon l’Afp, le parti du président guinéen, Alpha Condé, lui a largement ouvert la voie à un troisième mandat en lui demandant, jeudi 6 août, d’être son candidat à la présidentielle d’octobre. Ce, malgré la vague de protestations que cette perspective soulève depuis des mois dans ce pays d’Afrique de l’Ouest. Le dirigeant a « pris acte » de cet appel.
« Je prends acte, vous avez entendu, je prends acte », a déclaré le chef de l’Etat, en clôture de la convention électorale de son parti, le Rassemblement du peuple de Guinée (RPG), qui lui a demandé, jeudi, d’être son candidat à la présidentielle.
« Si vous voulez que j’accepte votre proposition, il faut que vous vous engagiez à ce que le RPG redevienne ce qu’il était, un parti qui n’oublie personne », a-t-il ajouté, en citant les femmes, les jeunes et les plus démunis.

Compteurs à zéro

La Constitution guinéenne limite le nombre de mandats présidentiels à deux. L’adoption en début d’année d’une nouvelle loi fondamentale (qui maintient cette limitation), lors d’un référendum boycotté par l’opposition, permet toutefois à M. Condé de remettre les compteurs à zéro, selon ses partisans. Alpha Condé a déjà, à de nombreuses reprises, critiqué cette limitation, la qualifiant d’injuste.
Lancée mi-octobre par le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), formé des principaux partis d’opposition et d’organisations de la société civile, la mobilisation contre un éventuel troisième mandat d’Alpha Condé, plusieurs fois réprimée, a fait des dizaines de morts parmi les manifestants.
Alpha Condé, ancien opposant historique, est devenu en 2010 le premier président démocratiquement élu après des décennies de régimes autoritaires dans cette ancienne colonie française d’Afrique de l’Ouest, où plus de la moitié de la population vit dans la pauvreté malgré la richesse de son sous-sol.

« Nul ne peut faire plus de mandats consécutifs»

Cette précision est faite par le Président Macky Sall, en 2019. Sen24.info a puisé le texte dans les archives de l’Agence de Presse Sénégalaise (Aps), datant de janvier 2010, intitulé : « Macky Sall ne va pas briguer un 3e mandat».
Dakar, 1er jan (APS) -Macky Sall assure qu’il ne va pas briguer un troisième mandat en cas de réélection en février, estimant qu’il ‘’faudra partir’’ conformément à la Constitution qui limite le nombre de mandats à deux.
«C’est moi qui ai écrit la Constitution. Quand on a ramené le mandat de 7 à 5 ans, j’ai dit que le mandat est renouvelable une fois. J’y ai rajouté une clause qui stipule que nul ne peut faire plus de mandats consécutifs», a dit le chef de l’Etat qui était interrogé par la presse sénégalaise, après son message à la Nation à l’occasion du nouvel an.
Le président sortant, candidat à sa propre succession, lors du scrutin présidentiel du 24 février, répondait à cette question, en wolof : «(…) En cas de réélection en février, ce sera votre deuxième mandat. Pouvez-vous dire aux Sénégalais que vous ferez deux mandats ? »
Pour le chef de l’Etat, la clause selon laquelle nul ne peut faire plus de deux mandats consécutifs a «pour but de clore le débat sur la limitation du nombre de mandats».
«Si réélu, je fais un deuxième mandat de 5 ans. Cela fera 7 plus 5 (….). Il faudra partir (…). C’est ça l’option fondamentale (…)», a déclaré Macky Sall qui affirme ne pas ne pas comprendre ce ‘’débat’’ sur le nombre de mandats ‘’malgré toutes ces clauses».
Selon l’article 27 de la Constitution du Sénégal, «la durée du mandat du président de la République est de 5 ans. Nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs».

«Macky n’est pas Ouattara, ni Condé»

Qu’à cela ne tienne, Macky Sall qui a combattu le 3é mandat de son devancier à la tête du pays, ne fera pas le contraire.
Ses précisions faites en 2019 laissant entendre que «nul ne peut faire plus de mandats consécutifs» suffisent pour preuves que Macky Sall ne s’aventurera pas à poser un acte qui le mettra en mal avec le peuple Sénégalais qui l’avait plébiscité en 2012, puis réélu en 2019.
En effet, Macky Sall était un acteur actif du Mouvement du 23 juin, date symbolique de la révolte du peuple contre un ticket gagnant de Wade.
En sus, au vu de la détermination du peuple à lui barrer la route pour un 3e mandat, à en croire un de ses proches, Macky Sall ne prendra pas le risque de mettre le pays sens dessus dessous, en tant que patriote convaincu.
Ce qui a fait dire à notre interlocuteur que «Macky Sall n’est pas Ouattara, encore moins Alpha Condé».
Demian, il fera jour !

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