Sen24.info ( Dakar) Le S\u00e9n\u00e9gal ind\u00e9pendant a v\u00e9cu des moments troubl\u00e9s de son histoire politique. De Senghor \u00e0 Macky Sall en passant par Abdou Diouf et Me Abdoulaye Wade, des \u00e9v\u00e8nements douloureux se sont pass\u00e9s. Chaque pr\u00e9sident durant son magist\u00e8re, Senghor (1960-1981), Abdou Diouf (1981-2000), Me Abdoulaye Wade (2000-2012), Macky Sall (2012-2024), a eu ses moments sombres, ponctu\u00e9s d’\u00e9meutes voire de manifestations politiques quasi insurectionnelles avec leurs lots de morts. Des faits qui les ont tous pouss\u00e9s \u00e0 appliquer la loi L67 de la Constitution pour voter l\u2019amnistie.<\/p>\n
Macky Sall et les faits politiques de mars 2021-2024<\/p>\n
Depuis son accession \u00e0 la souverainet\u00e9 internationale, le S\u00e9n\u00e9gal a connu trois lois d\u2019amnistie : 1976, 1991 et 2002. Cette nouvelle loi en gestation est l\u2019apanage du pr\u00e9sident Macky Sall qui voudrait voir son adoption avant de quitter l\u2019avenue Roume. En effet, le second mandat du pr\u00e9sident Sall a \u00e9t\u00e9 \u00e9maill\u00e9 de violences ayant d\u00e9bouch\u00e9 sur des cas de meurtre et des milliers d’emprisonnements. \u00c0 la fin de son mandat, le pr\u00e9sident Macky Sall annonce la saisine du parlement pour dit-il,\u00a0 \u00ab essayer d\u2019aller vers des moments de pardon, et en passant par toutes les voies de droit que cela devra permettre de faire… \u00bb<\/p>\n
Pour se justifier et expliquer sa lecture et vision de la loi, le pr\u00e9sident de la R\u00e9publique disait \u00e0\u00a0 l\u2019ouverture du dialogue national : \u00ab je souhaite, au-del\u00e0 du souci l\u00e9gitime de justice et de redevabilit\u00e9, que l\u2019amnistie et le pardon, par leurs vertus salutaires pour la Nation, nous aident \u00e0 surmonter ces moments difficiles, afin que notre cher pays se r\u00e9concilie avec lui-m\u00eame, en remettant toutes ses forces vives autour de l\u2019essentiel : c\u2019est \u00e0 dire, la sauvegarde de notre unit\u00e9 nationale, toutes sensibilit\u00e9s confondues, et la pr\u00e9servation de l\u2019\u00c9tat de droit et de la R\u00e9publique. Cela permettra de pacifier l\u2019espace politique, de raffermir davantage notre coh\u00e9sion nationale et de maintenir le rayonnement d\u00e9mocratique de notre pays \u00bb .<\/p>\n
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La tentative d\u2019explication de IMF<\/p>\n
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Sans pour autant \u00eatre plus explicite, le ministre des Affaires \u00e9trang\u00e8res, Isma\u00efla Madior Fall, ancien ministre de la Justice, a lev\u00e9 un coin du voile sur les contours de la loi. \u00ab Dans la vie d\u2019une nation, il y a des moments o\u00f9 il faut faire des arbitrages. Le pr\u00e9sident de la R\u00e9publique a d\u00e9cid\u00e9 d\u2019aller dans le sens de l\u2019oubli, du pardon et de la r\u00e9conciliation ! \u00bb Cependant, le Constitutionnaliste pr\u00e9cise que les affaires Mame Mbaye Niang et\u00a0 Adji Sarr ne font pas partie de ces faits que prendra en compte l\u2019amnistie si on ne les met pas dans le p\u00e9rim\u00e8tre de la loi en question. \u00bb Il faut noter que la loi d\u2019amnistie est souvent d\u00e9clench\u00e9e au S\u00e9n\u00e9gal dans la perspective d\u2019\u00e9lection. L\u2019on se rappelle en 1988, des troubles cons\u00e9cutifs au d\u00e9roulement des \u00e9lections du 28 f\u00e9vrier de la m\u00eame ann\u00e9e \u00bb explique le constitutionnaliste dans l\u2019\u00e9mission \u00ab L\u2019invit\u00e9 de MNF.<\/p>\n
Senghor et le suppos\u00e9 coup d\u2019\u00c9tat de Mamadou Dia<\/p>\n
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Il va falloir remonter aux\u00a0 ann\u00e9es 70 pour enregistrer dans les annales de la vie politique de la nation la premi\u00e8re loi d\u2019amnistie. C\u2019\u00e9tait Mamadou Dia qui a \u00e9t\u00e9 \u00e9largi de prison apr\u00e8s 12 ans de d\u00e9tention dans la prison de K\u00e9dougou. Il a d\u2019abord b\u00e9n\u00e9fici\u00e9 d\u2019une gr\u00e2ce en mars 1974 et c\u2019est en 1976 que l\u2019amnistie a \u00e9t\u00e9 vot\u00e9e.<\/p>\n
Mamadou Dia pr\u00f4nait un autre mod\u00e8le \u00e9conomique, diff\u00e9rent de celui mis en place par le colonialisme.\u00a0 Pr\u00e9sident du Conseil du S\u00e9n\u00e9gal de 1957 \u00e0 1962, \u00e0 la date du 8 d\u00e9cembre 1962, Mamadou Dia dans un discours portant sur les politiques de d\u00e9veloppement et les diverses voies africaines du socialisme, pr\u00f4nera la mutation totale qui substitue \u00e0 la soci\u00e9t\u00e9 coloniale et \u00e0 l\u2019\u00e9conomie de traite une soci\u00e9t\u00e9 libre et une \u00e9conomie de d\u00e9veloppement. Ainsi, le pr\u00e9sident Dia va activer le parlement pour d\u00e9poser une motion de censure contre le gouvernement.<\/p>\n
Le clash Senghor-Dia<\/p>\n
Mis dos au mur, Mamadou Dia rapplique \u00e0 son tour. Il a tent\u00e9 d\u2019emp\u00eacher son examen par l\u2019Assembl\u00e9e nationale au profit du Conseil national du parti en faisant \u00e9vacuer la chambre le 17 d\u00e9cembre et emp\u00eacher son acc\u00e8s par la gendarmerie. Malgr\u00e9 ce qui est qualifi\u00e9 de \u00ab tentative de coup d\u2019\u00c9tat \u00bb et l\u2019arrestation de quatre d\u00e9put\u00e9s, la motion est vot\u00e9e dans l\u2019apr\u00e8s-midi au domicile du pr\u00e9sident de l\u2019Assembl\u00e9e, Lamine Gu\u00e8ye. Une affaire politique qui a conduit Mamadou Dia en prison pour tentative de coup d\u2019\u00c9tat.<\/p>\n
Diouf et la crise en Casamance<\/p>\n
La seconde loi \u00e9tait l\u2019\u0153uvre du pr\u00e9sident Abdou Diouf. Gestionnaire de la crise en Casamance, le pr\u00e9sident Diouf, en 1991, apr\u00e8s le cessez-feu et la signature d\u2019accords, a fait voter sa loi d’amnistie.\u00a0 \u00ab Sont amnisti\u00e9es de plein droit, toutes les infractions criminelles ou correctionnelles commises entre le 1er ao\u00fbt 1987 et le 1er juin 1991, tant au S\u00e9n\u00e9gal qu\u2019\u00e0 l\u2019\u00e9tranger, en relation avec les \u00e9v\u00e8nements dits \u00ab de Casamance \u00bb.<\/p>\n
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La loi pol\u00e9mique de Ibrahima Isidore Ezzan qui sauve Amadou Cl\u00e9dor S\u00e8ne, Assane Diop et Pape Ibrahima Diakhat\u00e9<\/p>\n
Cependant, celle qui a port\u00e9 l\u2019attention de tout le monde et qui fait toujours parler d\u2019elle, c\u2019est celle appel\u00e9e \u00ab la loi Ezzan \u00bb. Elle a \u00e9t\u00e9 vot\u00e9e en 2005 pour les infractions commises du 1er janvier 1983 au 31 d\u00e9cembre 2004. Les infractions criminelles ou correctionnelles, commises pendant cette p\u00e9riode au S\u00e9n\u00e9gal ou \u00e0 l\u2019\u00e9tranger, en relation avec les diff\u00e9rentes consultations \u00e9lectorales ou ayant des motivations politiques, sont toutes effac\u00e9es.<\/p>\n
Beaucoup pr\u00e9sageait le meurtre du juge constitutionnaliste, Me Babacar S\u00e8ye, vice-pr\u00e9sident du Conseil Constitutionnel le 15 mai 1993. Apr\u00e8s la d\u00e9mission du pr\u00e9sident K\u00e9ba Mbaye, il revenait \u00e0 Me S\u00e8ye de donner les r\u00e9sultats des \u00e9lections l\u00e9gislatives. Malheureusement, il a \u00e9t\u00e9 assassin\u00e9. Opposant d\u2019alors du pr\u00e9sident Diouf, Me Abdoulaye Wade, chef de l\u2019opposition avait \u00e9t\u00e9 arr\u00eat\u00e9 avec de nombreux autres partisans avant de b\u00e9n\u00e9ficier d\u2019un non-lieu\u2026<\/p>\n
Pour rappel, en 1994 pour cette m\u00eame affaire, Amadou Cl\u00e9dor S\u00e8ne, Assane Diop, arr\u00eat\u00e9s et jug\u00e9s dans le cadre de cette affaire sont consid\u00e9r\u00e9s comme les assassins du magistrat et ont \u00e9cop\u00e9 d\u2019une peine de 20 ans de prison et de travaux forc\u00e9s. Un troisi\u00e8me accus\u00e9, Pape Ibrahima Diakhat\u00e9 a \u00e9t\u00e9 condamn\u00e9 \u00e0 une peine de 18 ans de prison. Ils retrouvent la libert\u00e9 en f\u00e9vrier 2002 \u00e0 la faveur d\u2019une amnistie.<\/p>\n
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L\u2019amnistie est vot\u00e9e pour passer l\u2019\u00e9ponge sur des faits dans un temps bien d\u00e9termin\u00e9. Cette loi d\u2019amnistie du pr\u00e9sident Macky Sall ne fait pas l\u2019unanimit\u00e9 au S\u00e9n\u00e9gal et fait d\u00e9bat au S\u00e9n\u00e9gal. Les familles de victimes et les d\u00e9tenus n\u2019en veulent point. L\u2019on se demande la pertinence de cette loi ? Qui en b\u00e9n\u00e9ficie et pourquoi ?<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"
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