Sen24.info – (Dakar) La l\u00e9gislation sur le parrainage politique, en d\u00e9pit des positions souvent cliv\u00e9es, peut \u00eatre un moyen visant \u00e0 consolider la d\u00e9mocratie repr\u00e9sentative. Mais pour certains acteurs politiques et citoyens, il s\u2019agit simplement d\u2019un subterfuge adopt\u00e9 par les gouvernants pour exclure la concurrence que certains partis politiques peuvent bien imposer.<\/p>\n
Exp\u00e9riment\u00e9e au S\u00e9n\u00e9gal en 2019 aux \u00e9lections pr\u00e9sidentielles pour une r\u00e9gulation du champ politique o\u00f9 une pl\u00e9thore de partis s’\u00e9taient fait remarquer, le syst\u00e8me de parrainage devra, au cours des \u00e9lections l\u00e9gislatives du 31 mars 2022, \u00eatre d\u00e9terminant. <\/p>\n
Dans un r\u00e9cent communiqu\u00e9, la direction g\u00e9n\u00e9rale des \u00e9lections, tenant compte de l’article L149-3 et R 76-4 du code \u00e9lectoral, informe que le nombre requis de parrains pour chaque parti est fix\u00e9 \u00e0 34.580 \u00e9lecteurs repr\u00e9sentants un minimum de 0,5% et de 55.327 \u00e9lecteurs repr\u00e9sentant le maximum de 0,8% du fichier g\u00e9n\u00e9ral des \u00e9lecteurs.
\nApr\u00e8s l’avoir adopt\u00e9 en 2017 avant de l’\u00e9tendre \u00e0 2018 aux candidats des partis politiques et coalitions de partis. En effet, il faut se rappeler que le S\u00e9n\u00e9gal a mis en place une Commission Ad Hoc incluant l\u2019opposition et la soci\u00e9t\u00e9 civile pour r\u00e9fl\u00e9chir sur la mise en \u0153uvre de ce syst\u00e8me de parrainage. Il avait \u00e9t\u00e9 question \u00e0 cette \u00e9poque, pour les acteurs, de statuer sur les points de consensus, notamment la collecte des signatures, le d\u00e9p\u00f4t et le contr\u00f4le des listes de parrainage, le contentieux et les sanctions \u00e0 l\u2019encontre des auteurs de fraude entre autres. Ces facteurs ne donnaient-ils pas le pr\u00e9texte de penser \u00e0 cet esprit imperfectible du syst\u00e8me du parrainage au S\u00e9n\u00e9gal? L’avis d’un acteur politique de la mouvance sera plus ou moins instructif. En effet, dans le cadre du dialogue politique auquel plusieurs partis ont \u00e9t\u00e9 convi\u00e9s, les \u00e9changes sur l’am\u00e9lioration du syst\u00e8me ont \u00e9t\u00e9 initi\u00e9s. \u00a0\u00bb Il est \u00e9vident qu’on l’a certes exp\u00e9riment\u00e9 une seule fois en 2019, mais il faut que les acteurs sachent que le principe est bon, m\u00eame s’il y a des points \u00e0 am\u00e9liorer\u00a0\u00bb, nous a confi\u00e9 Me Mbaye S\u00e8ne de la mouvance pr\u00e9sidentielle qui se dit contre la suppression du parrainage.
\nPar ailleurs, dans le volet d\u00e9mocratique, le principe veut que tous les citoyens d\u00e9fendent leurs ambitions d’acc\u00e9der \u00e0 la magistrature supr\u00eame. Mais un encadrement et une r\u00e9gulation devraient \u00eatre les facteurs qui portent ce principe de parrainage. C’est dans cet encadrement que l’on peut \u00e9ventuellement trouver le juste milieu pour pouvoir tendre vers un syst\u00e8me \u00e9lectoral acceptable. On ne peut pas se payer le luxe d’aller \u00e0 des \u00e9lections dans la cacophonie et le d\u00e9sordre avec une pl\u00e9thore de listes. La volont\u00e9 du respect du principe d\u00e9mocratique est un aspect, mais la volont\u00e9 en est un autre. Ainsi l’avis de Lamine Ba, pr\u00e9sident de la f\u00e9d\u00e9ration national des cadres lib\u00e9raux sera tout diff\u00e9rent de celui de Me S\u00e8ne. \u00ab\u00a0Nous avons vu que ce syst\u00e8me n’a pas \u00e9t\u00e9 l’objet de discussion au pr\u00e9alable. D’ailleurs, je tiens \u00e0 rappeler qu’on nous l’avait impos\u00e9. Aussi, la d\u00e9cision de la cour de justice de la Cedeao avait \u00e9t\u00e9 claire en rappelant que le code \u00e9lectoral s\u00e9n\u00e9galais viole le droit de la libre participation aux \u00e9lections. Pour cette raison, l’institution a ordonn\u00e9 \u00e0 l\u2019\u00c9tat du S\u00e9n\u00e9gal de lever tous les obstacles, mais en m\u00eame temps, de supprimer le syst\u00e8me de parrainage \u00e9lectoral.<\/p>\n
\u00ab\u00a0Personne n’est contre la r\u00e9gulation, mais qu’elle soit sinc\u00e8re\u00a0\u00bb, note Lamine Ba qui rappelle que c’est en r\u00e9alit\u00e9, le pr\u00e9sident qui fausse les r\u00e9gles du jeu, notant au passage, que ce syst\u00e8me, en perspective des l\u00e9gislatives, n’est utilis\u00e9 que circonstanciellement pour r\u00e9ussir un coup politique qui ne fera que maintenir le pays dans un \u00e9ternel recommencement.<\/p>\n
Mais il faut signaler que d’autres options de filtrage sont aussi utilis\u00e9es, selon Me S\u00e8ne. \u00ab\u00a0Il y a aussi la caution qui est un instrument de filtrage. Cette option a toujours \u00e9t\u00e9 utilis\u00e9e mais personne ne s’en est occup\u00e9 comme on le fait avec le parrainage. On ne peut pas aller \u00e0 une \u00e9lection de mani\u00e8re gratuite, parce que l’\u00e9lection a un co\u00fbt, m\u00eame s’il faut signaler qu’on est dans une d\u00e9mocratie et il faut bien tenir compte de cet aspect\u00a0\u00bb, selon l’avocat et homme politique. <\/p>\n
En d\u00e9finitive, pour simplement se d\u00e9barrasser des candidatures fantaisistes, le syst\u00e8me de parrainage permet de filtrer et d\u2019encadrer les candidatures en comp\u00e9tition aux \u00e9lections. Mais, cette m\u00e9thode ne doit aucunement garantir, dans une pratique politicienne, de faire recours \u00e0 des options de tri d\u00e9lib\u00e9r\u00e9es juste pour se d\u00e9barrasser de candidats de taille. Le S\u00e9n\u00e9gal a v\u00e9cu l’exp\u00e9rience en 2019, mais cette fois-ci, pour les parrain\u00e9s en perspective des \u00e9lections l\u00e9gislatives du 31 mars 2022, les acteurs sont attendus \u00e0 plus d’\u00e9l\u00e9gance politique pour mettre en relief les principaux fondamentaux de ce syst\u00e8me de parrainage qui ne finit toujours pas de faire couler de l’encre. Malgr\u00e9 tout, il pr\u00e9cise qu’en d\u00e9pit de la bonne foi des acteurs politiques, les d\u00e9fis de r\u00e9ajustement technique les interpellent pour une bonne prise en compte de l’esprit du syst\u00e8me.
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