{"id":28323,"date":"2021-01-02T09:12:15","date_gmt":"2021-01-02T09:12:15","guid":{"rendered":"https:\/\/sen24.info\/?p=28323"},"modified":"2021-01-02T09:13:45","modified_gmt":"2021-01-02T09:13:45","slug":"diouf-sarr-et-le-pr-moussa-seydi-limpossible-entente","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/sen24.info\/diouf-sarr-et-le-pr-moussa-seydi-limpossible-entente\/","title":{"rendered":"Diouf Sarr et le Pr Moussa Seydi : L’impossible entente"},"content":{"rendered":"
Sen24.info – (Dakar) Apr\u00e8s le d\u00e9saccord, vient le temps des piques entre le professeur Seydi et le ministre de la Sant\u00e9. La derni\u00e8re, la troisi\u00e8me en un mois, semble sceller la m\u00e9sentente entre le scientifique et le politique.
\nLe nouveau Service des maladies infectieuses et tropicales (Smit) de Fann \u00e9manait d\u2019une forte demande du professeur Moussa Seydi. Son inauguration, hier mardi, par le Pr\u00e9sident Macky Sall, consacrait tous les efforts fournis par l\u2019infectiologue de 56 ans pour doter l\u2019H\u00f4pital s\u00e9n\u00e9galais d\u2019une structure de prise en charge des maladies les plus dangereuses. \u00abC\u2019est l\u2019un des plus grands et des plus modernes Centres de traitement des maladies infectieuses en Afrique. Il a une capacit\u00e9 de 70 chambres individuelles et de 13 suites\u00bb, s\u2019est-il enorgueilli, devant le Pr\u00e9sident et le ministre de la Sant\u00e9. Les r\u00e9jouissances auraient pu s\u2019arr\u00eater l\u00e0, mais l\u2019occasion \u00e9tait trop belle pour que Moussa Seydi ne prenne sa revanche contre les suppos\u00e9s coups de Trafalgar re\u00e7us de l\u2019\u00e9quipe du ministre de la Sant\u00e9, Abdoulaye Diouf Sarr, tout le long de la riposte contre le Covid-19. De son verbe franc, qui lui a valu autant l\u2019amiti\u00e9 du Pr\u00e9sident que l\u2019inimiti\u00e9 de l\u2019autorit\u00e9 sanitaire, le chef du Service des maladies infectieuses et tropicales de l\u2019H\u00f4pital Fann y est all\u00e9 de sa petite pique. \u00abIl (Macky Sall) a toujours respect\u00e9 notre libert\u00e9 et notre ind\u00e9pendance\u2026 Vous ne l\u2019avez pas vu se m\u00ealer des traitements, il faut donner tel m\u00e9dicament et pas tel m\u00e9dicament. (\u2026) Est-ce que vous avez une fois vu le pr\u00e9sident de la R\u00e9publique faire quelque chose qui met mal \u00e0 l\u2019aise les praticiens ?\u00bb D\u2019allure, cette tirade est innocente. Pour la d\u00e9crypter, faut-il encore conna\u00eetre les ant\u00e9c\u00e9dents entre l\u2019homme et sa tutelle depuis cette aventure Coronavirus. <\/p>\n
De Ziguinchor \u00e0 la deuxi\u00e8me vague<\/strong><\/p>\n Au d\u00e9but, c\u2019\u00e9tait un simple malaise. Install\u00e9 par la l\u00e9gendaire franchise du technicien. En visite \u00e0 l\u2019h\u00f4pital de Ziguinchor, le professeur Seydi, chef de la riposte contre la pand\u00e9mie, a regrett\u00e9 le manque d\u2019\u00e9quipements au service de r\u00e9animation de l\u2019h\u00f4pital. C\u2019\u00e9tait en avril dernier et il \u00e9tait parti sur le terrain constater l\u2019op\u00e9rationnalit\u00e9 des services sanitaires dans le sud du pays. Devant les questions des journalistes, il n\u2019a pu s\u2019emp\u00eacher de r\u00e9pondre comme un professionnel de la sant\u00e9. \u00abLe service de r\u00e9animation n\u2019est ni fonctionnel, ni construit selon les normes, pour pr\u00e9voir le pire\u00bb, pr\u00e9venait-il. La r\u00e9action du minist\u00e8re de la Sant\u00e9 ne s\u2019est pas faite attendre. Loin de go\u00fbter \u00e0 l\u2019honn\u00eatet\u00e9 du Seydi, l\u2019\u00e9quipe de Diouf Sarr s\u2019est lanc\u00e9e dans un recadrage en r\u00e8gle. Docteur Aloyse Diouf, alors directeur de Cabinet du ministre : \u00abNous, personnel de sant\u00e9, le peuple fonde un grand espoir sur nous. Il y a des communications qui doivent se limiter entre nous, parce que nous ne devons pas inqui\u00e9ter les populations par nos propos, m\u00eame si on doit leur dire la v\u00e9rit\u00e9. Il y a des choses que nous devons r\u00e9gler entre nous.\u00bb Et d\u2019ajouter : \u00abSi les gens favorisaient la communication interne, ils sauraient que les appareils de respiration sont en route.\u00bb Le professeur n\u2019a pas bronch\u00e9, du moins publiquement, mais en sourdine, il sait qu\u2019une \u00abguerre\u00bb vient de s\u2019enclencher avec la tutelle. Cette sortie inopin\u00e9e \u00e0 Ziguinchor sera, semble-t-il, \u00abimpardonnable\u00bb. <\/p>\n Abdoulaye Diouf Sarr a beau chercher \u00e0 temp\u00e9rer l\u2019opinion, en soutenant \u00abgarder les meilleures relations avec le Professeur (\u2026) qui reste (son) principal conseiller\u00bb dans la lutte contre la pand\u00e9mie au S\u00e9n\u00e9gal, les actes qu\u2019il pose depuis laissent croire \u00e0 une \u00abtentative de mise en isolement\u00bb de Moussa Seydi, comme l\u2019\u00e9crivait L\u2019Observateur en fin mai. C\u2019est l\u2019interpr\u00e9tation qui a \u00e9t\u00e9 faite et refaite par le monde de la sant\u00e9 de la s\u00e9rie de nominations dont a b\u00e9n\u00e9fici\u00e9 en quelques jours un seul et m\u00eame homme : le Professeur Cheikh Tidiane Ndour. Jusque-l\u00e0 directeur de la Division de lutte contre le Sida et les Ist (Infections sexuellement transmissibles), ce m\u00e9decin\/Colonel a \u00e9t\u00e9 nomm\u00e9, le 16 avril 2020, cumulativement \u00e0 ses fonctions Directeur technique de la Clinique du Golf, un \u00e9tablissement d\u2019une capacit\u00e9 de 50 malades. Puis, quelques jours plus tard, il a \u00e9t\u00e9 hiss\u00e9 au rang de responsable du Hangar des p\u00e8lerins de Yoff qui recueille des cas positifs. Des mesures alors prises ou annonc\u00e9es \u00e0 l\u2019insu de Seydi. Qui, pour illustrer son d\u00e9saccord face aux actes du ministre, informe de son refus \u00abdans ses conditions\u00bb de partager une table avec le professeur Ndour pour la gestion de la pand\u00e9mie. C\u2019est que l\u2019infectiologue ne compte pas se laisser faire. Il est r\u00e9put\u00e9 professionnel, intransigeant, sans compromissions et b\u00e9n\u00e9ficie d\u2019une aura m\u00e9diatique internationale qui lui permet de s\u2019affranchir de la tutelle directe. Au plus fort de la crise interne, il se permet sa premi\u00e8re contre-attaque. \u00abMa priorit\u00e9, c\u2019est de voir et de traiter les malades avant tout. Je ne suis pas politique, les autorit\u00e9s me font simplement confiance\u00bb, lance-t-il, avant de ronger son frein \u00e0 la faveur de la baisse des cas. Mais entre novembre et d\u00e9cembre, le S\u00e9n\u00e9gal est confront\u00e9 \u00e0 une r\u00e9surgence de la maladie et des cas graves. A l\u2019issue de la r\u00e9union du Comit\u00e9 national de gestion des \u00e9pid\u00e9mies en d\u00e9cembre, Abdoulaye Diouf Sarr se prononce sur la deuxi\u00e8me vague et annonce qu\u2019elle est plus virulente que la premi\u00e8re. Cette d\u00e9claration est, d\u00e8s le lendemain, battue en br\u00e8che par Seydi qui montre \u00e0 Diouf Sarr que le domaine de la sant\u00e9 est sa chasse gard\u00e9e. \u00abCe n\u2019est pas quelque chose qui est prouv\u00e9. A ma connaissance, personne n\u2019a dit que ce virus-l\u00e0 est plus virulent que celui qui circulait avant\u00bb, r\u00e9plique-t-il, avant d\u2019embrayer sur les causes probables de cette suppos\u00e9e deuxi\u00e8me vague : \u00abIl y a une lenteur dans la remobilisation de ces ressources humaines, mais on n\u2019a pas de probl\u00e8mes de ressources humaines. Il suffit aujourd\u2019hui de rappeler ces personnes, de leur faire signer des contrats pour qu\u2019elles puissent travailler et faire fonctionner tous ces centres qui \u00e9taient ouverts dans la premi\u00e8re phase.\u00bb Avec la pique d\u2019hier, Seydi totalise trois attaques en deux sorties m\u00e9diatiques rien que pour ce mois de d\u00e9cembre. Une succession de petits coups qui semblent sceller l\u2019impossible entente avec sa tutelle. Mais dans cette bataille, Seydi a un atout de taille : la confiance de Macky Sall, l\u2019autorit\u00e9 supr\u00eame. C\u2019\u00e9tait d\u00e9j\u00e0 connu que le chef du Smit a l\u2019oreille du pr\u00e9sident de la R\u00e9publique. Ce dernier a d\u2019ailleurs fini par \u00eatre l\u2019interlocuteur du technicien. C\u2019est donc sans surprise ce mardi, s\u2019il a sembl\u00e9 prendre le parti de Seydi lors de l\u2019inauguration du Smit. En r\u00e9ponse aux \u00e9loges re\u00e7us sur sa r\u00e9serve face aux protocoles sanitaires, le Pr\u00e9sident r\u00e9pond : \u00abIl faut accepter la libert\u00e9 des scientifiques et la libert\u00e9 des universitaires. Moi, \u00e7a ne me g\u00e8ne nullement d\u2019avoir des \u00e9changes m\u00eame contradictoires avec les professeurs, avec les m\u00e9decins, avec les journalistes. C\u2019est vrai qu\u2019il peut d\u00e9ranger si on n\u2019est pas pr\u00eat \u00e0 accepter la libert\u00e9 du scientifique, de l\u2019infectiologue. C\u2019est pourquoi, j\u2019ai tenu \u00e0 vous accompagner de la mani\u00e8re la plus forte qui soit.\u00bb Une victoire pour le m\u00e9decin, un d\u00e9saveu pour le politicien. Parce qu\u2019au fond, cette histoire n\u2019est le r\u00e9sultat que d\u2019un langage que l\u2019un et l\u2019autre ne partage pas et que Diouf Sarr, en bon politique, a d\u00fb mal \u00e0 accepter. Les politiciens sont adeptes de la langue de bois, les scientifiques s\u2019expriment avec un vocabulaire juste, d\u00e9pouill\u00e9 de tout maquillage. Seydi mart\u00e8le cette diff\u00e9rence \u00e0 chaque fois que l\u2019occasion lui est donn\u00e9e. \u00abNous sommes des scientifiques, on ne prononce pas des mots qui n\u2019ont pas de justifications, de contenus\u00bb, commen\u00e7ait-il ce mardi. Une dynamique que tout le monde semble avoir compris. Lors du premier accrochage linguistique sur le manque de structure \u00e0 Ziguinchor, Le Syndicat unitaire et d\u00e9mocratique des enseignants du S\u00e9n\u00e9gal, section Enseignement sup\u00e9rieur et recherche (Sudes\/Esr) s\u2019\u00e9tait lev\u00e9 en bouclier. Sen24.info – (Dakar) Apr\u00e8s le d\u00e9saccord, vient le temps des piques entre le professeur Seydi et le ministre de la Sant\u00e9. La derni\u00e8re, la troisi\u00e8me en un mois, semble sceller la m\u00e9sentente entre le scientifique et le politique. 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\nAccrochage linguistique.<\/p>\n
\n\u00abLes m\u00e9decins hospitaliers universitaires ne re\u00e7oivent pas d\u2019ordre du ministre et ne sont pas soumis \u00e0 une quelconque obligation de r\u00e9serve. Leur autorit\u00e9, c\u2019est le recteur de leur universit\u00e9.\u00bb Birahim Seck du Forum Civil d\u2019insister sur le mal : \u00abLes v\u00e9rit\u00e9s du soignant Seydi et la volont\u00e9 des administratifs d\u2019\u00e9touffer la r\u00e9alit\u00e9 des h\u00f4pitaux. Si les administratifs du minist\u00e8re de la Sant\u00e9 en veulent au professeur Seydi, ils ont compl\u00e8tement tort.\u00bb Tant que l\u2019administratif refusera au scientifique sa libert\u00e9 de ton dans la lutte contre une maladie qui cristallise beaucoup de peur, il ne saurait, semble-t-il, y avoir d\u2019entente cordiale. Dans ce bras de fer, Moussa Seydi, principal atout du Pr\u00e9sident dans le protocole de riposte, part gagnant.
\nSeneplus<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"